RADMarathon 2011

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Radmarathon en Suisse, mon plus long chrono.

 
Sur près de 2 semaines, début juin, nous avons voyagé Marie-Josée et moi-même sur les routes de Thaïlande. Que du bonheur pour ce séjour que je conseille vivement. 
A part 306 marches en courant, pour accéder à un temple, absolument aucune activité sportive de ma part.
 
Après notre retour, c’est une semaine de reprise de mon entraînement et 550 km parcourus.
Récupération quelques jours et départ dès le mardi 28 juillet pour la Suisse avec Marie-Josée où nous récupérons Sarah, en provenance de Barcelone, le jeudi à l’aéroport de Zurich.
Nous organisons alors, en fonction du parcours, de la distance qui sépare chaque contrôle, des heures auxquelles je présume m’y trouver, les moments où elles devront me suivre, l’alimentation qui devra m’être proposée et l’adaptation dont elles devront faire preuve en fonction des impondérables qui surviendront automatiquement.
Sortie de 60km en début d’après-midi et pasta-party avec un nombre plutôt réduit de cyclistes le soir.
 
Vendredi matin. Mon départ individuel est prévu à 11h 46′. Cette épreuve étant qualificative pour la RAAM, raison de ma présence ici, c’est donc bien un chrono de 720 km qui nous est proposé. Les 3 premières partantes sont des femmes, dont une brésilienne qui a remporté en 2009 la RAAM chez les féminines. Elle parcourt la planète pour participer à ce type d’épreuve d’ultra endurance.
J’ai le dossard n° 16 sur environ 70 participants.
Le type de matériel utilisé par la majorité, qui s’apparente à ce qui est utilisé en triathlon, avec roues jantes carbone hautes et prolongateur, en dit long sur leur niveau supposé.
Je dois mettre, pour être qualifié, moins de 34 heures. Cela me parait difficile avec 5 500m de dénivelé, mais pas impossible. Mes derniers temps de référence sont, pour environ 600 km, soit 120 km de moins : Bordeaux-Paris 2010 que j’ai parcouru en groupe et sur un parcours plutôt plat, en près de 22 heures et cette année le brevet de 600km qualificatif à PBP sur un parcours pas très difficile, hormis le col d’Aspin, en 27 heures.
Dans tous les cas je sais qu’il faut que je perde le moins de temps possible, car ce sera très juste.
 
Après notre départ individuel, ce sont les participants du 600 km, qualificatif pour PBP, qui partent groupés. Ils ont la même 1ère boucle que nous avec 10 contrôles. Nous devons poursuivre sur une 2ème boucle de 110km en partie commune à la 1ère. Bien entendu, nous n’avons pas le droit de prendre leur sillage lorsque certains nous reprendront. Le lendemain matin, un 3ème départ est donné pour les participants du 300 km.
Briefing exclusivement en allemand puisque nous sommes en Suisse alémanique qui est la partie germanophone. En plus du roadbook, j’ai demandé quelques infos la veille à l’organisateur qui maîtrise les 3 langues parlées en Suisse.
 
1 – Wangen a.A / Koblenz : 92km au programme avec l’ascension du col le plus haut du parcours, à près de 1 000m d’altitude. L’organisateur m’avait signalé qu’il n’y a en principe qu’une seule flèche lorsqu’il faut changer de direction et rien si c’est tout droit. Un rappel devant être effectué tous les 7 ou 8 km.
Comme on va le voir par la suite cette signalétique est très, très nettement insuffisante et tellement loin du fléchage de PBP.
Pour cette 1ère partie, j’ai demandé à Marie-Josée et Sarah de m’attendre à Koblenz. Coblence en français.
Départ donc pour 720km à allure modérée car cela doit grimper très vite. Assez rapidement je me fais doubler par mes 2 poursuivants qui sont très forts ou inconscients. Très peu de flèches en vue. Assez rapidement je commence à être inquiet. Cela fait maintenant au moins 10km que je suis livré à moi-même. Le doute est tellement grand que je fais demi-tour pour revenir au village précédent. Je rentre dans un garage qui semble vide à l’heure du déjeuner. Dans la cour, je sollicite un chauffeur au volant de son camion. Comme pour toutes mes demandes qui suivront, très peu de mes interlocuteurs parlent français.
Ce chauffeur, à qui je montre mon plan du parcours, me fait comprendre mon erreur. A ce moment là passe un des participants, dossard 24, qui va dans la même direction que j’avais prise. Mis en confiance, je reprends ma route pendant une dizaine de km, l’ayant en point de mire. Misère; je le vois s’arrêter à un rond-point et rechercher à son tour le bon parcours. Suisse francophone, nous pouvons échanger pour trouver la meilleure solution. Nous rebroussons chemin sur plusieurs km et croisons un participant lui-aussi dans la mauvaise direction, mais sans pouvoir le lui signaler. Arrivé à un village, mon compagnon d’infortune contacte téléphoniquement son assistance. De mon côté je redemande mon chemin dans un magasin. Direction prise seul, je bute à nouveau à une bifurcation. Nouvelle demande. Mauvaise direction conseillée, je renouvelle plus loin mes sollicitations aux automobilistes que j’arrête. C’est la panique totale. A nouveau, retour en arrière sur 2km. Je suis, je l’espère, sur la bonne voie. Ce n’est que 8 km plus loin que je retrouve la 1ère flèche. Cela faisait plus d’une heure que je n’avais plus rien trouvé. Incroyable.
Très longue et très dure ascension sous la pluie qui a fait son apparition. Heureusement cela ne durera pas et la météo sera très correcte par la suite.
Descente, traversée de villages et nouveaux doutes, car cela fait un moment que je ne vois plus rien comme signalétique. Nouvel arrêt pour m’informer. Des motards de l’organisation par chance passe à ce moment pour me confirmer le bon chemin.
Doublé plus loin par un participant du 600, je le vois se tromper à son tour.
Mes bidons commencent à se vider. J’économise l’eau tant et si bien que je ne m’alimente plus correctement. Nouvelle difficulté dans Coblence pour trouver le contrôle.
Lorsque je parviens à celui-ci ce n’est pas 92km que j’ai à mon compteur, mais 118… et plus d’une heure de retard sur mon objectif.
Pour moi, c’est déjà perdu, car je ne vois pas comment je pourrai éviter à nouveau ces difficultés dues à un fléchage beaucoup trop réduit et le temps déjà gâché ne se récupèrera pas.
Après avoir mangé un repas complet avec appétit, je reprends tout de même ma route en donnant les consignes à mes accompagnatrices de me suivre au maximum.
 
2 – Ewattingen, 53/145km : Passage pour 2 étapes en Allemagne. A cet endroit il y a tellement de circulation que ce n’est qu’une vingtaine de km plus loin que ma voiture suiveuse me récupère… après une nouvelle erreur de ma part. Le manque de nourriture sur la fin du tronçon précédant me laisse faible sur la totalité de ce parcours où la pente est permanente.
 
3 – Ramsen, 58/203km : Heureusement que tout a été prévu question alimentation par mon épouse, car sur le dernier contrôle, l’eau est payante et comme pour la majorité des autres ravitaillements, la quantité et la diversité des produits sont réduits au strict minimum. Pourtant le coût de l’inscription est tout de même de 200 euros !
Sur ce 3ème parcours très accidenté, avec une côte de 1.5km à 15%, je me sens très bien.
 
4 – Frasnacht, 60/263km : Très beau parcours plat qui longe le lac de Constance. La nuit petit à petit assombrit le paysage, mais le lac conserve une clarté bien après que le soleil se soit couché. Très bons moments où je roule avec aisance et où je demande à mes accompagnatrices de se reposer pour récupérer.
Je trouve en route un panneau directionnel de Friedrischafen, qui est le lieu en Allemagne où je me rends chaque année pour le salon de l’Eurobike.
 
5 – Sargans, 81/344km : Sur cette partie, nous quittons les rives du lac, mais la nuit bien présente nous empêche de découvrir le paysage que nous devinons en partie à travers les innombrables lumières des maisons et des villages clairsemés sur les montagnes. Nous longeons tout d’abord la frontière avec l’Autriche, puis celle avec le Liechtenstein. Rapidement sur cette longue portion sans difficultés, je me fais doubler par un trio de participants du 600km. Je les conserve à distance, comme le veut le règlement, mais leur présence en point de mire m’incite à augmenter la cadence. C’est donc aux environs de 32 km/h que je parcours cette partie. Cette augmentation sensible de ma vitesse, sans abri, en pleine nuit et après plus de 300km, va entraîner une fatigue supplémentaire, qui va se traduire par des difficultés à manger au ravitaillement.
Ce contrôle est le principal de l’épreuve, avec un plat de pâtes fourni par l’organisation, la possibilité de se doucher et de dormir dans un dortoir. Eléments que j’utilise par nécessité, avec 1h de sommeil, malgré le chronomètre qui avance inexorablement.
 
6 – Pfäffikon, 64/408km : Les premiers km en légère descente, effectués sous la clarté de l’aube naissante, permettent d’admirer le décor somptueux dans lequel j’évolue. Quelle merveille ! Malheureusement, contrairement à mes journées qui succèdent à mes arrêts pour dormir sur mes 2 PBP, je me sens peu de forces. La 1ère montée, au Kezenberg, sur 8km très difficile, dont 80m à 20%, sur mon 38×27, avec un dénivelé de 330m, va vite me permettre de cerner ma condition présente très moyenne. Mon dernier repas, insuffisant, en est la cause. Je double un seul concurrent du 600… qui monte à pieds. La descente se fait par 3° de température.
La vue sur un lac est pourtant fantastique.
 
7 – Emmenbrücke, 72/480km : Sur cette partie, toujours aussi sublime, dont le départ se fait sur les rives du lac de Zurich, j’attaque pratiquement de suite un col de 13km avec 500m de dénivelé. Comme pour la partie précédente, je continue à perdre du temps sur mon tableau de marche. Je suis très fatigué et me retrouve un moment au milieu de la route me faisant frôler par un véhicule. Je comprends qu’il est indispensable que je mange. C’est donc un vrai repas que je m’accorde avec toute l’aide bienveillante de Marie-Josée et Sarah qui ne peuvent en faire plus. L’effet est très rapide. Comme toujours, la possibilité d’ingérer ou non les bons aliments modifie totalement mes sensations. Je retrouve donc une bonne cadence.
Traversée de Küssnacht. Impossible de trouver les flèches de l’organisation. La circulation automobile bloque mes accompagnatrices. Je dois perdre sans doute près de 30mn en me retrouvant totalement en dehors du parcours.
Parfois les pistes cyclables, innombrables dans ce pays, que j’emprunte pour éviter le flux de voitures, s’éloignent de la route principale, m’obligeant à couper tant bien que mal.
 
8 – Affoltern, 52/532km : Nouvelles difficultés pour sortir d’Emmenbrücke où nous tournons dans tous les sens avec 2 autres participants du 300km. Peu avant le contrôle d’arrivée de ce tronçon, je reviens facilement, dans une très longue ascension, sur 2 participants qui avaient pourtant une bonne avance. Mon épouse m’indique qu’il y a encore un petit espoir, malgré tous ces avatars, de rentrer dans les temps et que je dois insister.
 
9 – Ittigen / Bern, 35/567 : Longue descente rapide. Nous sommes dans cette partie, également sur la 2ème portion de la dernière boucle de 110km qualificative pour la RAAM. Dans la traversée d’un village peu avant le prochain contrôle, je ne vois pas de flèches alors qu’il y a 2 possibilités qui s’offre à moi. Je prends la route qui me parait la plus directe. Longue descente, puis longue montée. 5km plus loin, un nouveau participant du 300km, arrêté, plan à la main, me fait comprendre que définitivement je ne pourrai me qualifier. Beaucoup trop d’erreurs de parcours à mon actif. Marche arrière. J’arrive au contrôle une nouvelle fois dépité.
 
10 – Wangen a.A, 39/606 : Dernière portion sans difficulté où je retrouve, alors que j’étais isolé depuis le départ, quelques concurrents du 300, du 600 et de la 2ème boucle du 720, plus forts et plus chanceux que moi.
Mes sentiments sont alors amers, car je ne suis pas mal du tout.
Je souffre par contre énormément au niveau du postérieur d’un très gros échauffement. Je n’ai pas encore réglé ce gros problème, après l’abandon par le fabricant, des fonds de cuissard avec régulateur de température qui étaient parfaits pour moi. Noret est en train de me produire personnellement des modèles, à partir de récupération de ces fonds de cuissards non vendus.
J’ai également un problème technique au niveau du pédalier qui craque affreusement.
 
Lorsque je parviens au terme de ma 1ère boucle de 605 km, mon compteur affiche… 655 km. J’ai donc parcouru 50 km de plus, soit près de 10% en sus. J’ai mis 30h et 45′. Mon compteur affiche 26.7 de moyenne. Il me faudrait donc réaliser un temps de 3h et 15′ pour parcourir la 2ème boucle de 110 km avec une montée à 800m d’altitude. Cela n’est plus possible. J’évalue ma perte de temps au minimum à 3h. J’aurai donc eu plus de 6h pour parcourir la boucle qualificative à la RAAM. Ce qui aurait été largement faisable.
 
Au final, il reste que je ne suis donc pas qualifié pour la traversée des Etats-Unis. Même si les raisons ne sont pas sportives, le fait est là.
 
15 jours après cette participation inachevée, et au grand étonnement de mon épouse, j’ai assez facilement accepté ce verdict. Bien sur, je n’ai pas d’autres choix. Mais ma réaction vient également d’autres éléments.
Par ordre chronologique, la difficulté de composer une équipe totalement adaptée à cet évènement exceptionnel, l’échauffement au niveau de la selle et la grosse fatigue que je ressens depuis plusieurs mois en ayant augmenté la périodicité de mes sorties.
Mon activité professionnelle est très prenante et stressante. Beaucoup plus que ne peuvent s’imaginer des personnes extérieures. Les perturbations du sommeil viennent presque toujours de difficultés rencontrées dans la gestion de 10 employés, de 75 000 clients, de plus de 100 fournisseurs, etc… 
Même si tout ceci est, bien sur, extrêmement passionnant.
Sans doute, pour un tel projet, l’idéal est d’avoir beaucoup de temps de libre ou d’être retraité.
 
L’avenir me permettra de choisir consciemment ce qui est de l’ordre du possible. Dans un premier temps Paris Brest Paris 2011 devient mon principal objectif, après une période qui sera davantage axée sur la récupération.
 
Serge
 
   
 
 

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