Tour du Mont Blanc Cycliste 2010

Col des Montets (1461m), col de la Forclaz (1157m), col de Champex (1470m), col du Grand St Bernard (2470m), col du Petit St Bernard (2190m), Cormet de Roselend (1967m), col des Saisies (1657m).

Imaginez une épreuve cycliste sur une journée qui équivaut aux deux étapes les plus difficiles du Tour de France ou à l’aller et retour de l’étape la plus difficile !
Et bien, ce n’est pas moins que cela qui était proposé en ce dimanche 18 juillet 2010 au départ de la station de montagne des Saisies dans les Alpes dès 5 heures du matin.
330 km, 7 cols et 8 000m de dénivelé positif. Départ et arrivée en France avec passage par la Suisse et l’Italie. Sacré défi que ce premier Tour du Mont Blanc Cycliste.
Ne s’agit-il pas de l’épreuve cycliste la plus dure au monde sur une journée ?

Après mon impossibilité de participer au Tour du Mt Blanc (UTMB) en trail, suite à la clôture des inscriptions ultra rapide, c’est donc vers cette épreuve cycliste que mon principal objectif annuel s’était tourné. Les pré-qualificatifs pour PBP 2011 et Bordeaux-Paris, 3 semaines avant, complétaient le programme des longues sorties. Toutefois, le manque de temps dû à mes obligations professionnelles ont trop limité ma préparation montagnarde. C’est donc avec la même quantité de cols dans les jambes depuis le début de la saison, que ce qui est au programme de la journée, que je prends le départ. Trop peu pour le faire dans de bonnes conditions. Je table toutefois sur mon habitude des longues distances dont les brevets de 200, 300 et 400 kms et sur les 625 km de BP pour arriver au bout.

150 participants, pour la plupart grands sportifs adeptes des sports extrêmes, venus de nombreuses régions de la planète: France, mais aussi Australie, Etats-Unis, Portugal, Suisse, Italie, Irlande, Danemark, Luxembourg, Angleterre, Pays-Bas, Belgique, Suède font de cette épreuve une des plus cosmopolites et des plus relevées qui soient.

Descente du premier col dans la nuit encore présente. J’ai froid et je crains de trembler et donc de guidoner comme je l’ai déjà subi. Est-ce l’appréhension d’un tel problème ? Est-ce le froid ? Est-ce les deux ? Malgré ma faible vitesse, je suis obligé de m’arrêter très vite et me retrouve vers l’arrière d’un peloton très étiré au début, puis vite morcelé. Je règlerai en partie ce problème ultérieurement en me protégeant davantage les bras avec des poches en plastique. Pour l’instant vivement la fin de cette descente, qui coïncide avec les premières lueurs du jour.

La première partie qui passe par Mégève et Chamonix, avant le 1er col, est très vallonnée. Les 2 premiers cols se passent sans encombre et permettent de pénétrer en Suisse. Le col de Champex est par contre difficile, avec un revêtement très mauvais et des virages relevés. Il s’agit pour moi du col le plus difficile, mais situé entre le 115ème et le 125ème km, mes réserves sont encore correctes.
Toutefois, le premier ravitaillement complet, au pied de ce col, n’a pas correspondu à mes attentes. Mon souhait, sur ce type d’épreuve aussi exigeante, est au minimum de 2 vrais repas chauds avec potage bien salé et riz/poulet. Ceci représente la base de ce que j’ai mangé et fortement apprécié sur mes 2 PBP, ainsi qu’à La Diagonale des Fous. Malgré une bonne diversité d’aliments aux ravitaillements, judicieusement placés, les forces me manqueront pour cela. Il est souhaitable que les organisateurs en tiennent compte pour les prochaines éditions.

Le col du Grand St Bernard qui culmine à 2470m est par contre le premier gros morceau de la journée. Très long avec ses 40km d’ascension, pas très pentu dans sa 1ère partie, il est entrecoupé de nombreux tunnels en travaux avec feux rouges qui nécessitent de longs arrêts. Le vent de face et le froid à l’approche du sommet, alliés à une fatigue naturelle ralentissent fortement ma progression. C’est plus le mental qui me fait avancer que mes rares forces.

Retour dans la vallée. Nous sommes en Italie et allons traverser Aoste célèbre pour son jambon. Il fait maintenant très chaud, mais je me sent assez bien. Le vent de face est fort. Nous sommes en ce moment un petit groupe qui s’est constitué au bas de la descente. Le 2ème ravitaillement complet, tout comme le 1er ne m’apporte pas les aliments dont j’ai besoin. Il reste pourtant à ce moment là 3 cols à gravir et non des moindres.

A nouveau seul, depuis un bon moment, au pied du col du Petit St Bernard qui nous ramène vers la France, je traverse un village touristique. A ce moment là je suis très fatigué. Ce col s’annonce comme une vrai galère. Sur le bord de la route, j’ai la surprise d’entendre  » mais ce n’est pas M. Dutouron ?  » Un client français me reconnait d’après notre catalogue; malgré mon casque, les lunettes et le lieu bien éloigné de ma région. Très gentiment il me propose en m’emmenant à sa voiture, tout ce dont il dispose. Un Coca fait l’affaire. Cette aide inattendue sera la bienvenue car je passe mieux que prévu ce 5ème col de la journée qui culmine à 2190m d’altitude. Que ce bienfaiteur en soit ici vivement remercié.
Au sommet, je récupère une poche confiée aux organisateurs contenant 2 gâteaux de riz et une bouteille de Coca. Ceci me redonne énormément de force. D’ailleurs la descente de 32km de long avec de très nombreux virages en épingle est pour moi un vrai régal. Il était temps, car si sur les premiers contrôles mes temps de passages étaient corrects, au fur et à mesure je me rapprochais inexorablement des temps limites imposés par l’organisateur. A partir de là je pense disposer de bonnes chances de rallier l’arrivée.

Le Cormet de Roselend que j’ai emprunté voici quelques années pour l’Etape du Tour Aimé/Cluse est l’avant dernier obstacle. Certaines parties difficiles me permettent de me satisfaire de pouvoir utiliser le plus petit développement que je n’ai jamais utilisé, à savoir un 34×27. J’atteins correctement sur la fin de la journée le sommet très froid balayé par le vent. Quelques minutes d’arrêt pour le dernier ravitaillement et j’attaque la descente complètement frigorifié. Sur la 1ère partie je ne dépasse pas les 30km/h. Je ne peux admirer à sa juste valeur les eaux turquoises du lac qui sépare les alpages dégarnis de la sombre forêt, car la nuit maintenant bien installée m’impose de brancher mon éclairage. Très heureux d’atteindre enfin la dernière montée qui me permettra au minimum de me réchauffer un peu.

Ce dernier col, tout comme les 30 derniers kms de Bordeaux-Paris restera un très bon souvenir. Est-ce la nuit qui gomme visuellement la difficulté ? Est-ce le ravitaillement laissé dans ma poche précédemment ? La vitesse ne doit pas être bien élevée, mais je n’ai pas du tout l’impression que je monte un col. Rajouté aux encouragements des automobilistes, je franchis à 23h 25′ et après 18h et 12′ de vrais efforts, la ligne d’arrivée à la magnifique station des Saisies. Pour information, le 1er à avoir franchi la ligne d’arrivée est le jeune ex-Pro Eric Leblacher en 12h et 05′. Les écarts sont significatifs, car le 3ème, l’américain Benjamin Blaugrund termine en 12h et 56′. Le 4ème, le danois Lars Andréas Knutsen en 13h et 26′. Le 20ème, le hollandais Jeroen Van de Calseijde en 14h et 35′, soit déjà avec 2h et 30′ de retard sur le 1er. 99 arrivants, soit 1/3 d’abandons ou d’éliminés pour en terminer avec les chiffres.

Très dure journée, bien entendu, même si mon épouse ne me trouve pas particulièrement marqué comme sur d’autres épreuves. Le but, une fois encore, était de franchir la ligne dans les temps impartis. Ce qui ne m’empêche pas de penser qu’une nourriture mieux adaptée m’aurait permis de gagner un temps appréciable. Sans doute à l’occasion d’une prochaine édition !
Cette cyclo unique au monde, autour du majestueux Mont Blanc, toit de l’Europe, aura marqué en effet chacun des participants par la beauté, mais aussi par l’extrême difficulté du parcours.

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